Bulletin de l'association Enseignement Public & Informatique (EPI)
Bien avant que l'opération I.P.T. en donne le signal, l'Informatique avait franchi la porte de nombreuses écoles : des instituteurs et institutrices imaginatifs avaient été attirés par l'ordinateur et avaient découvert des utilisations variées de cette formidable machine dans leur pédagogie. Les plus fous ont même travaillé dur, prenant sur leurs loisirs, pour se former, réfléchir, essayer. On s'est équipé - coopératives d'écoles, municipalités - de matériel Thomson; c'était ce qu'il fallait acheter ... Les classes se sont mises à fourmiller, les enfants ont «accroché», certains sont allés plus vite que les maîtres ... On a fait du BASIC, du LOGO, on a même utilisé certains logiciels qui nous tenaient à coeur. On en a fabriqué ... en toute modestie ... pour se prouver que l'on sait de quoi on parle. En 2 ou 3 ans, le TO7 n'avait presque plus de "secrets" pour nous. Nous avions acquis les réflexes essentiels à son bon fonctionnement, par exemple :
- Avoir toujours son lecteur de cassettes dans la poche dans tout déplacement.
- Avoir toujours une pièce de 1/2 francs dans la poche pour verrouiller la petite porte du logement de la cartouche; éventuellement un ticket de métro peut être d'un grand secours.
Et puis ce fut l'opération IPT : on nous a payé des stages, on a attiré de nombreux collègues autour du nanoréseau, encore Thomson : des MO5 cette fois..., des logiciels passionnants: du dessin, du traitement de texte, de la gestion et la promesse d'une configuration dans l'école à la rentrée. Cela permettrait aux gens de s'y mettre, forts des rudiments appris lors de la semaine dé stage. Dans l'école où je travaille, 3 classes en campagne, la dotation allait compléter ce que nous avions déjà : 1 TO7, 1 TO7-70, plus télés, lecteurs de cassettes et de disquettes. Nous faisions des projets, organisions des ateliers, prévoyions des moments de décloisonnement. Nous avions plein d'idées pour travailler avec Colorpaint, Colorcalc, Scriptor... Un soir, enfin, les cartons sont arrivés. Un peu étonnés de ne pas reconnaître les boites jaunes et noires... nous déballons fiévreusement une configuration Exelvision 100. Après la première déception nous réagissons. Nous allons apprendre cette machine. Nous cherchons de l'aide au Centre de formation pour le branchement. Ceux d'entre nous qui ne partent pas en vacances de Toussaint vont travailler dessus; ne nous a-ton pas donné des cartouches de dessin, de traitement de texte ? alors pourquoi pas ? Nous entrevoyons des utilisations intéressantes du clavier à infrarouges. Nous avons découvert :
- un clavier impossible, étudié parait-il, pour des petites mains d'enfants, ceux qui l'ont essayé ont eu autant de difficultés que nous. Mais enfin, il en existe un autre, avec des touches mécaniques .... on pourra peut être l'acheter...
- des documentations, sur le basic et sur la cartouche IMAGIX, illisibles et inutilisables.
- des logiciels sur cassettes, un peu simplets et même très contestables quant à la démarche pédagogique suivie. Encore faut-il arriver à les charger pour s'en apercevoir. Je prétends que mes collègues et moi sommes «branchés» dans ce domaine; nous avons l'habitude de manipuler des machines, de lire des documentations, de tâtonner pour découvrir les fonctions de tel ou tel logiciel. Nous acceptons volontiers cette démarche. Mais là, vraiment, c'est trop ! j'ai peur qu'on se lasse et que la configuration Exelvision avec son imprimante, son modem etc.. on ne la laisse au rencard. Quel dommage ! quel gaspillage ! quel manque de discernement de la part de ceux qui ont saupoudré du matériel sans s'occuper de la demande. Je pense à tous ceux de mes collègues qui n'étaient pas très chauds, qui n'avaient pas très envie de «s'y mettre» et auxquels le stage a ouvert des horizons... Je pense au cadeau empoisonné qu'ils vont découvrir dans les cartons Exelvision. Heureusement la télévision scolaire nous offre cette année des émissions qui ont l'air intéressantes. On va pouvoir les regarder sur le magnifique poste grand écran.
par Marie-José DIEUDONNE - Bulletin de l'EPI n°41 - 1986