Depuis plusieurs mois nous vous proposons des bancs d'essais de micro-ordinateurs domestiques qui, pour interessants qu'ils soient, présentent de nombreux points communs. En effet, dans la gamme des produits à 3000 F environ, tous les micro-ordinateurs du marché se ressemblent plus ou moins et, hormis pour le MO5 de Thomson, ont un dénominateur commun d'être d'origine étrangère. C'est donc avec un certain plaisir que nous vous proposons aujourd'hui le banc d'essai d'un appareil que nous connaissez peut-être pas encore, car il commence à être commercialisé que ce mois-ci: l'EXL 100 de la toute nouvelle société Exelvision. Comme nous allons le voir, ce micro-ordinateur, qui appartient lui aussi à la gamme des 3 000 F évoqué ci-avant, présente de nombreuses particularités.
GENERALITES
Avant d'en venir à l'EXL 100, nous pensons utile de dire deux mots de la jeune société Exelvision. Cette dernière est implantée à Sofia Antipolis dans les Alpes Maritimes et est une filiale de la CGCT. La conception de l'appareil et de la majorité de ses logiciels est le fruit d'Exelvision tandis que la fabrication du produit est assurée par la CGCT. Cela étant dit, voyons ce que propose l'EXL 100.
Compte tenu de sa gamme de prix, vous vous doutez bien qu'il offre d'origine un affichage alphanumérique et graphique couleur et qu'il utilise comme langage de programmation le sacro-saint Basic. Ce dernier n'est pas un Microsoft, mais nous verrons que ce n'est pas gênant.
L'EXL 100 est équipé d'origine de 32 Ko de RA% partagée entre la visualisation et les programmes que vous pouvez écrire. Compte tenu du Basic employé, cela permet déjà d'exploiter des programmes de longueur conséquente.
Une des grandes originalités de l'EXL 100 est son clavier. Bien sûr, ce n'est pas un vrai clavier informatique vu le prix de l'appareil par contre, c'est un clavier sans "fil à la patte" puisqu'il utilise une liaison infrarouge du même type que celle employée par les télécommandes de téléviseurs. Cela permet d'utiliser l'EXL 100 confortablement installé dans son fauteuil avec le clavier sur les genoux alors que le micro-ordinateur lui-même reste près du récepteur TV auquel il est connecté.
Suprême raffinement, cette liaison infrarouge est aussi utilisée par les deux manettes de jeux, permettant ainsi une exploitation très agréable et sans danger pour l'appareil car, même dans des poussées d'enthousiasme, les gestes brusques et de grande amplitude ne risquent pas d'arracher un quelconque câble, puisqu'il n'y en a pas. Précisons que ces manettes ne sont pas livrées avec la version de base de l'EXL 100 et qu'elles constituent une des premières extensions disponibles.
Autre originalité de l'EXL 100, mais pour laquelle nous serons moins enthousiastes, la présence d'un synthétiseur vocal. En d'autres termes l'EXL 100 peut parler et
cette possibilité est très employée dans les jeux commercialisés par Exelvision. Pour l'utilisateur qui programme en Basic, cette possibilité eut nettement moins intéressante pour ne pas dire plus contraignante qu'un classique synthétiseur sonore tel celui de l'Oric par exemple.
PRÉSENTATION ET UTILISATION
L'appareil est composé de deux parties: l'ordinateur proprement dit et le clavier à infrarouge. L'emballage contient, en outre, un câble péritélévision, une cassette de
ROM contenant l'interpréteur Basic, an cordon secteur et un manuel d'utilisation et d'initiation à la programmation. en français bien sur.
On peut déplorer l'absence de cordon pour magnétophone à cassette qui, bien que le modèle utilisé soit standard (prise DIN 5 pôles côté EXL 100), oblige à courir chez son revendeur après l'acquisition de l'appareil. Un bon point à signaler tout de même, le brochage de la prise figure dans la notice, donc, si vous savez souder...
La mise en place de l'appareil ne présente pas de difficulté. Si votre récepteur TV est un portable petit écran, vous pouvez même le poser sur l'EXL 100. Pour les postes plus grands, c'est peu esthétique et cela bloque le tiroir dont nous allons parler dans un instant.
Si le raccordement du cordon secteur ne pose pas de problème, il s'en est pas de même du câble péritélévision et de celui du magnétophone ils sont, en effet, nichés au fond d'une découpe en plastique manifestement trop petite, même pour des mains d'enfants, et cela contraint à des contorsions désagréables. Heureusement que l'on ne touche en principe à ces câbles que très rarement. En contrepartie, ils sont protégés des chocs et d'un arrachement intempestif.
Le clavier nécessite une pile 9V ordinaire dont la durée de vie sera suffisante, car elle n'est sollicitée que lorsque l'on appuie sur une touche. Il faut ensuite insérer dans une découpe de la face avant la cassette de ROM contenant le Basic. Cette dernière, analogue aux autres cassettes de ROM de logiciel commercialisées par Exelvision, adopte une présentation astucieuse. Son connecteur est, en effet, rétractable à l'intérieur de son boîtier lorsqu'elle n'est pas utilisée, ce qui protège des salissures et de l'électricité statique.
La mise en marche de l'appareil ne présente pas de difficulté, d'autant que l'on est guidé pas à pas grâce à une notice très détaillée, ll ne faut pas oublier de monter le son du récepteur TV car, conformément à une habitude qui commence à se répandre et qui est tout à fait logique, le son de l'EXL 100 est reproduit parle haut-parleur du récepteur TV.
Le clavier, sur une machine de ce prix, n'est pas un vrai et est muni de touches caoutchoutées au guidage assez imprécis. Il n'engendre pas de lui-même de fautes de frappe, mais ne permet pas une frappe rapide. Par contre, un bip
sonore signale la prise en compte de chaque louche, bip qui est différent pour les touches normales et tes touches de fonctions.
Ce clavier est en Azerty (conception française oblige) et ses 61 touches proposent majuscules. minuscules et symboles classiques avec, en outre, les caractères accentués français, quatre touches de déplacement de curseur et quatre touchez de fonctions dont le SHIFT LOCK (verrouillage du SHIFT). Les mots clés du Basic ne sont pas normalement présents sur ce clavier, qui reste ainsi très classique et qui ne dépaysera pas toute personne ayant déjà quelques notions de
dactylographie. Use grille en plastique peut, en outre, coiffer ce clavier et les mots clés du Basic apparaissent alors au dessus des touches. Ils sont accessibles eu pressant la touche function (touche orange marquée F), puis la touche du mot clé choisi.
Signalons une particularité intéressante: l'action sur SHIFT, CONTROL ou F est signalée par l'affichage du mot correspondant sur la ligne de service en haut de l'écran, ce qui permet à tout instant de savoir ce qui va apparaître en pressant telle ou telle autre touche. Par contre, contrairement à la majorité des claviers, il ne faut pas maintenir le doigt sur SHIFT, F ou CONTROL pendant la pression sur une autre louche mais faire cela successivement (l'infrarouge ne passe qu'une touche à la fois!).
Cet infrarouge, justement, nous t'avons consciencieusement torturé pour bien mesurer ses possibilités mais aussi ses faiblesses. Dans une pièce normalement éclairée, et pour peu que l'on oriente grossièrement le clavier vers l'EXL 100 dont le récepteur infrarouge est en face avant (derrière la petite fenêtre rouge bien sur), la portée est plus que suffisante puisqu'elle atteint au moins 4 mètres. N'oubliez pas qu'il faut encore pouvoir lire sur l'écran. Avec des murs normalement réfléchissants et une lumière un peu atténuée, on arrive même à faire fonctionner le clavier en tournant le dos à l'appareil, ce qui est tout à fait inutile bien sûr! Par contre, la seule chose qu'il ne faut pas faire c'est l'interposition d'un obstacle opaque sur le trajet du faisceau: ce sont des infrarouges et non des ultrasons qui sont employés; attention donc à une main mal placée sur le clavier et qui cacherait la petite fenêtre de son émetteur.
Il faut cependant signaler que l'usure de la pile affecte très vite la portée et, à l'extrême limite, le codage des touches. Il faut cependant descendre à moins de 5V pour cela, ce qui est, pour une pile de 9 V, ce que l'on peut qualifier d'usée l
Deux points sont encore à signaler concernant la présentation de l'appareil. La partie gris clair de la face avant est an tiroir destiné à recevoir les manettes de jeux lorsqu'elles sont inutilisées tandis que deux trappes en plastique, en face arrière, laissent voir deux ouvertures au fond desquelles au trouve un connecteur. Cela permet de placer les modules d'extension de l'EXL 100 et évite que ceux-ci ne débordent de la face arrière comme c'est malheureusement le cas sur de nombreux appareils.
LE BASIC
Le Basic est la seule chose dont l'origine n'est pas vraiment française sur l'EXL 100; il s'agit en effet de celui du micro-ordinateur Texas instruments CC 40 qui a été adapté par Exelvision à l'EXL 100. C'est un Basic complet mais dont la syntaxe, qui s'écarte un peu du standard de fait qu'est le Basic Microsoft, peut dérouter quelque peu lors des premières utilisations. Heureusement, un excellent manuel est là pour vous aider.
Ce Basic dispose de toutes les fonctions évoluées classiques avec les READ, DATA et RESTORE, le ON GOTO et le ON GOSUB, le IF THEN ELSE, le PRINT USING et bien d'autres classiques.
Moins classique maintenant, les possibilités de gestion d'erreurs avec ERR et ON ERROR GOTO, mais aussi la possibilité de gérer les warnings ou avertissements qui sont des erreurs non fatales.
Pour le confort de programmeur, une numérotation de ligne automatique est disponible avec un pas et un numéro de ligne de départ programmables et si, après bien modifié un programme, sa numérotation ne vous plaît plus, vous pouvez refaire celle-ci avec RENUMBER qui tien compte, comme il se doit, de tous les nombres de lignes apparaissant dans les instructions.
Toujours côté confort, signalons un des meilleurs éditeurs de texte que nous avons eu entre les mains sur un micro-ordinateur de ce prix.
Tout est possible grâce à un éditeur plein écran dont l'apprentissage des fonctions est immédiat, puisqu'il utilise les touches de déplacement du curseur, une touche insertion et une touche effacement.
C'est simple mais très performant.
Côté visualisation, l'appareil permet d'afficher 24 lignes de 40 caractères en mode texte et N X 10 points sur 320 point en mode graphique haute résolution, où N est compris entre 1 et 20. En d'autres termes l'on peut mettre 1 à 20 lignes d'écran haute résolution, les lignes du bas restant réservées au texte. La couleur de fond de l'écran, des caractères et du pourtour de l'écran peuvent être choisies parmi 8, aussi bien en mode graphique qu'en mode alphanumérique. Cet écran dispose, quel que soit le mode de fonctionnement, d'une ligne de service placée tout en haut de celui-ci et qui indique le mode angulaire choisi, l'action sur des touches de fonction ou ce qui se passe lors des sauvegardes ou
des chargements de programmes sur cassette.
L'écriture en n'importe quel point de l'écran est possible grâce à LOCATE, tandis que les tracés, en mode graphique, sont possibles avec PLOT et LINE, ce qui est un peu pauvre; il n'y pas de commande de tracé de cercles ni de rectangles mais il est facile de les ajouter comme nous allons le voir. Il est également possible, en mode alphanumérique. d'afficher du texte en double largeur, double hauteur ou double largeur double hauteur, mélangé à du texte normal. Les connaisseurs reconnaîtront là un mode analogue à celui offert sur les Minitel et préfigurant une extension future... En mode alphanumérique il eut également possible de définir jusqu'à 127 caractères qui vous sont propres et qui sont mémorisés dans un générateur interne. Ces définitions sont malheureusement perdues lors d'une extinction de l'appareil ou, ce qui cet plus gênant, lors d'un RESET.
Côté son, C'est assez décevant ; en effet, si le synthétiseur vocal interne est utilisable - et est utilisé dans les jeux vendus par Exelvision - il est totalement inexploitable à partir du Basic, vu la complexité des chaînes de caractères qu'il faut lui envoyer pour faire ne serait-ce que des sons très simples. N'espérez pas le faire parler avec l'instruction SPEECH, ou alors armez-vous d'une patience infinie. Pour compenser cette lacune, la notice donne quelques chaînes de caractères de sons standards, mais ce n'est pas très convaincant et reste de toute façon, très lourd.
La sauvegarde des programmes utilise un magnétophone à cassettes et fonctionne de façon correcte. Elle souffre d'une petite restriction au niveau du nom de programmes, qui ne peuvent comporter que quatre lettres. Par contre, la ligne de service en haut de l'écran indique se qui se passe sur la cassette lors d'un chargement de programme, tandis que le haut-parleur du récepteur TV reproduit le son enregistré lors d'une sauvegarde permettant de s'assurer que tout se passe bien. Ah si! encore en regret à propos de cette interface cassette: aucune télécommande du magnétophone n'est prévue. Votre clavier infrarouge vous permettra de rester dans votre fauteuil, mais il vous faudra vous lever pour mettre en marche et arrêter le magnétophone: assez désagréable et illogique, n'est-ce pas?
Dernier point à signaler à propos de ce Basic, l'utilisation de sous-programmes qui , mis à part l'aspect curieux d'un PEEK qui devient CALL PEEK par exemple, permet de définir soi-même ses propres sous-programmes. Ainsi, si vous voulez tracer un cercle, il vous suffit d'écrire les quatre instructions nécessaires, de placer cela en fin de programme et de baptiser le tout CERCLE; vous pourrez ensuite faire des CALL CERCLE (paramètres) autant de fois que vous voudrez dans votre programme. Attention, cette possibilité est indépendante des sous-programmes conventionnels que l'on rencontre en Basic avec les classiques GOSUB et RETURN qui sont aussi présents sur l'EXL 100.
L'EXL 100 dispose donc d'un bon Basic mais qui pourrait être un peu amélioré au niveau des instructions graphiques.
LA TECHNIQUE
Un grand circuit imprimé double face supporte tous les composants de l'EXL 100, à l'exception du transformateur monté directement sur le fond du boîtier. Côté électronique, on fait appel à l'artillerie lourde puisque deux microprocesseurs seront utilisés: un TMS 7020 et un TMS 7041, tous deux de Texas Instruments. Si vous voulez programmer en langage machine, il va vous falloir apprendre leur jargon. Ce n'est pas plus difficile que du Z 80 ou du 6502 heureusement. A ces circuits sont associés le synthétiseur sonore, qui est aussi de chez Texas (un TMS 5200), et un processeur graphique, toujours de chez Texas, le TMS 3556.
Cette répartition des tâches entre divers circuits confère à l'appareil une bonne rapidité d'exécution et permet, dans de nombreux logiciels fournis, d'utiliser simultanément le synthétiseur et les possibilités graphiques pendant que le processeur calcule.
La mémoire est constituée de 32 Ko de RAM dynamique et de 2 Ko de RAM statique réservée au microprocesseur TMS 7020; c'est sa mémoire bloc-note. L'utilisateur ne dispose donc que de 32 Ko qui sont plus ou moins amputés par la visualisation, selon la taille d'écran mise en mode haute résolution.
La réalisation est propre et ne devrait pas donner de soucis aux utilisateurs; de plus la conception et la fabrication française permettent de penser que la maintenance sera facile et rapide.
LOGICIELS ET EXTENSIONS
Nous avons déjà eu l'occasion de le dire plusieurs fois, un micro ordinateur, aussi bon soit-il, n'est rien sans logiciel ni extension. Ce n'est heureusement pas le cas de l'EXL 100 qui, avant même sa commercialisation, dispose déjà d'un beau catalogue de logiciels, avec un grand nombre de jeux qui vont du plus classique, baptisé Guppy - et qui n'est autre qu'une variante de Pac Man-, à un jeu de Tennis hautes performances avec déplacement des joueurs sur tout le terrain, score annoncés en clair grâce au synthétiseur vocal, etc.
Ces divers logiciels sont proposés sur des cassettes de ROM à enficher en face avant de l'appareil comme le Basic. Cela permet de résoudre tous les problèmes de chargement que connaissent bien les utilisateurs de cassettes. En contrepartie, c'est un peu plus cher que les cassettes BF et cela interdit toute copie entre utilisateurs d'EXL 100.
Les extensions n'ont pas été oubliées, avec un module d'interface série et parallèle (norme centronics) et qui permet de connecteur un imprimante ou tout autre appareil disposant d'une de ces deux liaisons. Ce module s'enfiche dans une découpe de la face arrière et fait corps avec l'EXL 100. Une imprimante spécifique est également prévue bien que, compte tenu du mode précité, tous les type de machines soient utilisables; en effet, cette dernière permettra au moyen d'un logiciel adéquat, de recopier l'écran haute résolution.
Nous ne pouvons vous en dire plus pour l'instant car nous n'avons pas eu cette machine entre les mains. Un module cassette de RAM CMOS est également prévu. Sa capacité est de 16 K-octets et il est essentiellement destiné à remplacer le magnétophone à cassette pour le stockage des programmes. Il dispose en effet de son alimentation autonome lui permettant de conserver les informations contenues en mémoire pendant trois ans.
Il est évident que la sauvegarde et le chargement de programmes à partir de ce module sont quasi immédiats, ce qui n'est pas un de ses moindres avantages.
D'autres extensions sont prévues telles que modem, système d'incrustation de la vidéo générée par l'EXL 100 sur une image TV, lecteur de disquettes, etc.
CONCLUSION
L'EXL 100 est, à notre avis, un appareil intéressant sur de nombreux plans. Nous avons, en effet, apprécié: son clavier à infrarouge, son Basic puissant doté d'un très bon éditeur plein écran, ses possibilités graphiques au maniement simple, la présence de minuscules accentuées permettant d'envisager des applications de traitement de texte, et sa documentations très didactique.
Nous avons, par contre, regretté: le maniement quasi impossible du synthétiseur vocal à partir du Basic, l'absence de certaines instructions Basic, la syntaxe "non Microsoft" de certains instructions et l'absence de télécommande pour le magnétophone à cassettes.
Le résultat de ce banc d'essai est cependant globalement positif et l'EXL 100 devrait vous tenter si vous cherchez un micro-ordinateur en cette fin de l'année 1984. Son prix raisonnable (moins de 3 000 F) est même à la portée de certains pères Noël généreux...
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