Interview avec Christian Petiot, directeur du Hardware d'Exelvision

PC: Christian, les lecteur aimeraient connaître les raisons pour lesquelles Exelvision fabrique ses ordinateurs en Corée. Et pourquoi Daewoo en particulier plutôt qu'une autre société?

CP: Lorsqu'en 1986 Exelvision s'est détachée de CGCT, nous ne pouvions plus bénéficier des structures de cette dernière. Il était donc impératif pour nous de trouver un groupe industriel disposant d'un savoir-faire en matière de construction informatique. Notre choix s'est porté sur Daewoo car nous avions déjà travaillé avec cette société notamment pour !a fourniture de moniteurs monochromes et couleurs. De plus, il faut dire que les prix de construction que nous facturait CGCT étaient au moins deux fois supérieurs au prix du marché international. Pour une société comme la nôtre, c'était une charge trop lourde. Nous étions trop mal placés par rapport à la concurrence. Un autre point important était le niveau de qualité à peine acceptable des cartes fabriquées par CGCT.

PC: Parlons de la qualité. La production coréenne est-elle de meilleure qualité et si oui, quelle en est la cause ?

CP: La qualité de production est nettement meilleure. Ceci est du plus particulièrement au sens méthodique des coréens, notamment des ouvrières coréennes placées sur les lignes de production. Ces dernières possèdent un sens inné de la précision et sont très travailleuses. Et puis la Corée, c'est une toute autre mentalité. On parle souvent du "Womanpower" dans le miracle économique coréen. En fait, rien n'est plus exact. La qualité de production est essentiellement liée au travail de ces jeunes filles dont la moyenne d'âge varie entre 18 et 24 ans et qui bénéficient d'une politique sociale au sein de l'entreprise. Les salaires de ces jeunes femmes dépassent rarement 1 400 F par mois. En France, une employée de même catégorie ne touche pas moins de 5 000 F. Une très grosse différence à l'arrivée.

PC: Les usines coréennes sont-elles plus modernes que les usines françaises ?

CP: Pas vraiment. Non, la différence se situe au niveau du personnel employé à la production comme je l'ai dit tout à l'heure.

PC: Quelles sont les étapes de fabrication d'un micro-ordinateur ?

CP: Tout d'abord le constructeur lance une série de 5 prototypes que nous testons de manière rigoureuse. N'oublions pas que tous les composants ( à part les processeurs et certains cuircuits spécialisés ) sont d'origine coréenne. Il faut donc s'assurer de la qualité de ces derniers ainsi que de leur bon fonctionnement. Après cette série de cinq prototypes, le constructeur s'engage dans une pré-série de 300 appareils pour tester la ligne de production. Les appareils qui sortent de cette ligne sont alors testés et toute anomalie est immédiatement corrigée. Une fois cette pré-série produite, la production à proprement parler peut commencer: Chaque carte mère ( PCB ou Print Circuit Board ) est positionnée en début de ligne. L'insertion automatique des composants est ensuite réalisée. Les composants axiaux tels que les résistances et les diodes sont insérés. Viennent ensuite les composants radiaux: capacités, circuits TTL, circuits de 8, 14 ou 16 pattes. La carte ainsi équipée passe ensuite sur la PCB line où une équipe féminine place à la main les composants qui ne peuvent pas être insérés automatiquement : transistors, connecteurs, fils, etc. La carte est ensuite soudée à la vague puis nettoyée dans un bain de vapeur d'eau. Les processeurs , les circuits de plus de 16 pattes , les radiateurs sont alors fixés sur la carte.Après l'insertion automatique ou manuelle des composants, la carte subit une phase de test: Contrôle des infra-rouges, de la mail box, etc...
Les cartes sont alors acheminées vers la Mass Production Line où les différentes parties du microordinateur sont assemblées: Montage des transformateurs, des coques, de la face avant, pose des étiquettes, etc...Les micro-ordinateurs sont ensuite emballés et stockés.

PC: Quelle est la cadence de production des Exeltels ?

CP: 1 Exeltel toute les 1,30 minutes.

PC: Quels sont les délais liés au transport vers la France ?

CP: Les Exeltels sont expédiés par bateau et le transit prend généralement 25 jours sans compter les formalités douanières.

PC: Quels sont les ennuis liés à la production d'ordinateurs à l'étranger ?

CP: Essentiellement les voyages et la vie dans les régions asiatiques. En effet, les fréquents déplacements sont un gros souci. Sans compter qu'il faut rester sur place en moyenne trois à quatre semaines pour chaque déplacement. Et puis la mentalité est vraiment différente dans ces pays. Ce que je retiendrai de la Corée, c'est le grand professionnalisme qui anime les dirigeants de ces entreprises et surtout l'art d'écouter ce que l'on a à leur dire. Quand je travaille avec des entreprises françaises, ces dernières n'écoutent qu'à moitié les conseils ou le desiderata du client. En Corée, c'est totalement différent. Ils écoutent d'abord et agissent ensuite. C'est généralement l'inverse qui se passe en France.

PC: Exelvision va-t-elle continuer à faire fabriquer ces micro-ordinateurs en Corée?

CP: Rien ne s'oppose à ce que Daewoo reste notre fabricant. Nous sommes contents de la qualité et de la production.

PC: Y-a-t'il de nouveaux projets à Exelvision ?

CP: Oui et heureusement. Nous travaillons à l'heure actuelle sur l'intégration du clavier et du moniteur avec l'ordinateur. Tout comme le concept minitel ou Macintosh. Nous voulons produire un Exeltel compact où la connectique sera réduite de trois quarts. Et puis, effectivement, nous travaillons sur le futur terminal RNIS.

PC: L'avenir d'Exelvision pour les prochaines années ?

CP: Nous commençons vraiment à nous démarquer de nos concurrents et ce n'est un secret pour personne que nous nous orientons vers la production de terminaux télématiques sur mesure. Un marché important à l'horizon de 1992.


© Exelement Vôtre N°17


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