L'EXEL-PC, connu également sous le nom de code «EXL 188», est assurément la plus obscure des productions non commercialisées de la société Exelvision. Hélas, des quelques prototypes d'Exel-PC construits, aucun semble à ce jour avoir été conservé. Cette page a pour but de regroupper les rares informations encore disponibles à son sujet.
Premier constat: L'Exl-PC est le micro-ordinateur de la fracture... En effet, l'appareil s'écarte des chemins technologiques établis par Exelvision pour rejoindre ceux d'une standardisation mondiale omniprésente. Les PC d'IBM et leurs compatibles, jusqu'alors réservés au milieu professionnel, s'installent peu à peu dans les foyers, ils empiétent dangereusement le marché des ordinateurs domestiques, un marché que bon nombre de constructeurs pensaient intouchable. La société Amstrad ayant ouvert la brêche avec son «Compatible» à bas coût, le PC-1512 et sa déclinaison portable, le PPC-512.
Le projet d'un compatible IBM nait en 1988. Exelvision cherche alors un partenaire dont la compétence en matière de production à bas coût de clones PC n'est plus à prouver; Parmis les constructeurs contactés, Acer retient son attention.
Radioscopie
Nous ne savons que peu de choses sur les caractéristiques matérielles si ce n'est que le projet était relativement ambitieux. Ce PC était architecturé à la base d'un microprocesseur Intel 80188 cadencé à 8 Mhz. Ce composant est une version améliorée de l'Intel 8088. S'il conserve un bus de donnée externe de 8 bits, il offre un bus interne sur 16 bits et un jeu de 10 instructions supplémentaires. Ses circuits embarqués (3 timers 16 bits, 2 canaux DMA indépendants, contrôleur d'interruptions programmables, gestion étendue de la mémoire ) simplifient considérablement la conception de la carte CPU. Cette dernière est installée sur un bus en "fond de panier" dont l'avantage est, outre la facilité de maintenance et de permettre l'installation d'un bon nombre de cartes d'extensions, de pouvoir faire évoluer l'ordinateur vers un autre micro-processeur. Pratique! Notons que la technologie fond de panier avec CPU interchangeble est très en vogue sur les ordinateurs professionels et industriel du début des années 80.
Le système d'exploitation embarqué n'est autre que DR-DOS, le tout nouveau concurrent de Microsoft MS-DOS conçu par la société Digital Research. Exelvision l'a retenu pour de nombreuses raisons: outre le fait qu'il soit proposé à un prix très abordable, il offre une fonctionnalité qui manque cruellement à l'OS de Microsoft: le multitâche. Reconnaissons également à DR-DOS un code plus optimisé gérant au mieux le matériel. Digital Research proposait également dans son catalogue l'environnement graphique GEM que l'on retrouve entre autre sur le micro-ordinateur Atari ST et quelques clones de PC dont ceux d'Amstrad. Aucune information permet à ce jour de savoir si Exelvision avait prévu de fournir cette interface graphique avec son Exel-PC mais considérant l'intérêt qu'elle portait pour le multi-fenêtrage et l'utilisation de la souris, il est fort probable que l'intégration de GEM fut envisagée.
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Jacques Palpacuer tenait à ce que l'Exel-PC soit d'un accès simple, fiable et rapide. Pour toutes ces raisons, le système d'exploitation se trouve logé en ROM et non sur support disquette/disque dur. Une idée que rependra d'ailleurs IBM sur son premier PS/1 en 1990. Le stockage des données est assuré par un lecteur de disquette au format 3"1/2 double densité et, optionnellement, par un disque dur. Rien est dit sur la compatiblité de l'Exel-PC avec les applications et matériels dédiés aux micro-ordinateurs EXL100 et Exeltel, mais considérant le gouffre technologie qui sépare les deux mondes, tout donne à penser qu'il n'y en avait pas... |
Difficile d'imaginer que les ingénieurs d'Exelvision ont prévu de développer une carte CPU TMS70xx car trop coûteuse et sans vrai marché. Par contre on imagine qu'une passerelle logicielle permettant de lire les fichiers de données contenus dans les disquettes écrites par l'EX135 a été pensée/développée.
Dans une version de base, qui comprend un moniteur 14" monochrome et un lecteur de disquette 3"1/2, l'Exel-PC est annoncé au prix de 7000 FF, un prix compétitif pour un PC de marque française. Car, si le Thomson TO16-PC n'est vendu que 6000 FF en configuration disquette et moniteur monochrome, il a l'inconvénient d'être un système peu ouvert (deux uniques slots d'extensions disponibles), d'être équipé d'un lecteur 5"1/4 360Ko vieillissant et d'embarquer un CPU Intel 8088. Certes la fréquence de ce dernier est de 9.54 Mhz mais les performances générales de l'appareil sont inférieures à celles de l'Exel-PC. Pour 6000 FF toujours, l'Amstrad PC-1512 d'entrée de gamme ne propose qu'un lecteur 5"1/4 et un CPU calé à la fréquence de 4.77 Mhz...c'est peu.
Nom de code?
Lors d'une interview récente, Jacques Palpacuer vient à parler de matériels prototypes développés par la société Exelvison. « EXL 188, c'est l'Exl-PC » déclare t-il. Si l'on se réfère à une photographie parue en septembre 1984 dans un article du numéro 19 de Micro7, l'EXL 188 fait référence à l'unité de lecteurs de disquettes connue sous la référence EXL135 et destinée au seul micro-ordinateur qu'Exelvision ait produit à ce moment: l'EXL 100. L'information se retrouve d'ailleurs sur les plans officiels d'EXL100 publiés en 1985: la mention « 80188 » fait référence au périphérique EXL 135. Ceci dit, il est peu probable que Jacques Palpacuer se soit trompé. Alors tentons une explication: Le nom de code "188" aurait été retenu pour deux produits différents et à deux époques différentes. L'un prendra le nom commercial d' « EXL 135 » et l'autre d'« Exel-PC ».