Réflexions


Cheap!
En étudiant la gamme de produits d'Exelvision, nous remarquons que tous les microordinateurs EXL100, Exeltel, Exeltel VS et VX mais également EXL 135 et Exeldisk partagent la même coque. Quelques modifications ont certes été apportées ici et là à l'intérieur mais elles sont mineures (plastiques de renfort rognés pour s'adapter aux éléments internes, par exemple). Si ces similitudes offrent à la gamme de matériels une parfaite homogénéité esthétique, elles posent en contrepartie des soucis mécaniques... En effet, l'EXL 100 qui supporte le poids du moniteur monochrome n'a pas été conçu  pour accepter le surpoids occasionné par l'installation d'un EXL 135 ou pire encore, celui de téléviseurs ou de certains moniteurs plus lourds. Sa coque est très lègère, réalisée dans un plastique assez tendre. Au final, écrasée ces périphériques, cette coque se déforme... empêchant parfois d'ouvrir ou fermer correctement le tiroir à télécommandes. Le clavier à gomme et les télécommandes sont dans la même veine et rend leur usage assez pénible.

Heureusement, l'arrivée d'Exeltel et la délocalisation de la production en Corée apportera son lot d'améliorations: Exeltel est plus robuste, le clavier est de bien meilleure qualité. Les principaux défauts constatés ont disparu.
Exelvision était consciente de la médiocre qualité des finitions cosmétiques de sa gamme EXL100. Mais qu'y pouvait-elle... Manquant cruellement de moyens financiers, elle fut dans l'obligation de trouver une réponse aux coûts élevés de production. A quoi aurait ressemblé EXL 100 si les banques françaises avaient été moins frileuses?

Tous les mêmes!
Pas tout à fait... Après autopsie de nombreux EXL 100, j'ai constaté de nombreuses différences, non pas sur l'organisation des composants sur la carte mère, mais sur les composants eux-mêmes:

Dans certains cas, des composants TI sont de type TMP ("P" pour prototype, ce qui plutôt surprenant dans le sens où ces composants n'ont pas subit tous les tests de bon fonctionnement), de type TMX (version présérie, non certifiée non plus...) et TMS ( version de série). Il est étonnant de constater que les deux premiers types ont aussi été repérés sur des cartes mères dont le numéro de série est parfois très avancé (#552,#1449 et #3098!) Ce qui donne la sensation d'une production artisanale, faite avec les composants disponibles sur le moment...
Les EXL 100 furent produits dans les usines de Saint Omer de la CGCT.

EXL 100: Un soucis d'hérédité?
Après une étude de la structure interne de l'EXL100, une question se pose quant au choix technologique fait par la société Exelvision. Ecartons les points novateurs de l'appareil tels que le système infrarouge et la synthèse vocale de série pour se recentrer sur les processeurs et ses composants satellites.

Retour en 1978, quelques années avant la création de la société Exelvision. Quand Texas Instrument se lance dans la conception d'un microordinateur personnel, elle décide tout naturellement d'utiliser des composants de son cru. Les ingénieurs prévoient alors d'intégrer dans son TI-99/4 le microprocesseur 8/16 bits TMS9985 mais ce composant rencontre d'importants soucis de développement; Un remplacement est alors envisagé et c'est le microprocesseur 16 bits TMS9900 qui est retenu. Hélas, contrairement au TMS9985, le TMS9900 ne  peut pas rafraîchir de la mémoire dynamique (DRAM), celle prévue à la base pour équiper l'ordinateur. Bien sûr, une mémoire uniquement composée de SRAM était envisageable car elle n'a pas besoin d’être rafraîchie mais son prix est bien trop élevé à l'époque, il n'est pas concevable de l'introduire dans une machine grand public. Mais le proccesseur doit absoluement disposer de mémoire directe pour fonctionner, il lui en sera alors donné... mais le minimum requis: soit 256 ocets!   Il  résulte de tout cela une conception très tourmentée de l'électronique où l'ordinateur, pourtant doté d'un puissant calculateur, s'initialise sur une SRAM de taille insignifiante puis doit passer par le contrôleur graphique pour accéder à la mémoire utilisateur, ce dernier étant apte à gérer de la DRAM... Ce traitement particulier ralenti considérablement les performances générales de l'ordinateur et laisse aux ingénieurs de Texas Instruments un sentiment d'amertume, eux qui désiraient un modèle de vélocité...
Quelques années plus tard, les mêmes contraintes du passé seront reproduites par les fondateurs d'Exelvision qui, eux même d'anciens ingénieurs de Texas Instruments, ne pouvaient les ignorer. C'est ainsi que la "logique", si l'on peut s'exprimer ainsi, de l'EXL100 sera calquée sur celle du TI-99/4.: Le micro processeur TMS7020 ne peut adresser directement que les 2Ko de SRAM intégrés, la RAM utilisateur ( de la DRAM) étant uniquement accessible par le contrôleur graphique VDP TMS3556.
Une raison plausible est d'avoir voulu proposer au public  un microordinateur à bas prix. L'EXL100, de part ses deux processeurs intégrés TMS7020 et TMS7041, sera annoncé comme un ordinateur très puissant mais force est de constater qu'il n'en est  rien...Le processeur TMS7020 a été retenu par Exelvision car il offrait des perspectives intéressantes en matière de coût de production: devant être produit en masse pour équiper notamment l'électronique embarquée dans les automobiles, son prix ne pouvait que baisser et permettre ainsi à la société au papillon de proposer des microordinateurs à des prix toujours plus compétitifs.
Exelvision pouvait-elle mieux faire en terme de puissance tout en restant compétitive face à la concurrence? Il est difficile d'être affirmatif, mais nous pouvons toutefois remarquer que l'intégration de 16Ko de SRAM dans l'EXL100 aurait considérablement augmenté ses performances sans toutefois augmenter dramatiquement le prix de l'ordinateur.  Pour s'en convaincre, il suffit de s'intéresser à l' Exelmémoire, un petit boîtier d'extension offrant 16Ko de SRAM. Ce dernier était proposé au public au prix de 590 FF, ce qui nous permet de supposer que l'intégration de deux composants SRAM (en retirant tous les autres éléments qui composent Exelmémoire comme la carte, la pile de sauvegarde, la ROM contenant le système d'exploitation et autres composants annexes) dans l'électronique de l'ordinateur au sein même de l'usine d'Exelvision n'aurait pas coûté très cher. Exelvision aurait-elle pu équiper son EXL100 d'un microprocesseur gérant directement de la mémoire  DRAM? Probablement non. Il n'était pas envisageable d'utiliser des composants de Texas Instruments car leur catalogue ne proposait pas de microprocesseurs pouvant rafraîchir le DRAM. Par contre, des processeurs de constructeurs concurrents, tels que le Zilog Z80 ou le MOStek 6502, auraient parfaitement pu remplir cette mission mais les ingénieurs d'Exelvision maîtrisaient parfaitement les processeurs de l'usine texane et ont toujours gardé de bon contacts avec cette dernière.

Pieris Rapae
Grattez votre EXL 100... Si sa robe grise anthracyte se désagrège sous cette action, vous êtes alors l'heureux possesseur d'un prototype d'EXL 100! En effet, le plastique du prototype montré à la presse est de couleur blanche, peint à la hâte sans même subir le moindre apprêt.

L'EXEL-PC prend le bus
Jacques Palpacuer a présenté l'EXEL-PC comme un micro-ordinateur modulaire, équipé d'une carte bus en fond de panier pouvant recevoir diverses cartes d'extensions, le microprocesseur 80188 étant lui-même embarqué sur une carte d'extension. Un choix intéressant partant du principe qu'il est plus facile de faire évoluer son ordinateur en remplaçant sa carte CPU que de remplacer l'ordinateur en totalité. Le concept d'ordinateur à la carte dont s'inspire Exelvision n'est pas nouveau, il était déjà à la mode dans les années 70. Le projet est des plus ambitieux car il nécessite une période de développement particulièrement longue. Exelvision étant déjà bien occupée à imposer son Exetel sur le marché professionnel et son Exeltel II sur le continent américain, disposait-elle encore d'assez de temps? J'ai des doutes. A moins qu'Exelvision ait été tentée de reprendre une norme ayant déjà fait ses preuves sur le marché des ordinateurs industriels: Le bus STD développé par les sociétés Mostek et Pro-Log. Initialement au format 8 bits, ce bus a évolué pour permettre le traitement des données sur 16 bits (Il passera même au 32 bits au milieux des années 90 avec l'évolution STD32). C'est ainsi que l'on trouvera des carte CPU STD à base de Motorola 6800, 6809, Zilog Z80, Intel 8080, 8088, 80188, 80286 ou plus récemment de Motorola 68000 et Intel 486. Exelvision s'en était-elle inspirée? Je suis preneur de toute information sur le sujet :-)


Exelvision tire le mauvais numéro
Pour identifier les périphériques dans son Basic, la société a repris la numérotation de Texas Instruments. Rappelons que l'Exelbasic a été développé sur les bases du Basic du CC-40 de la société texane. Sur CC-40, le numéro 1 correspond au lecteur à bande et les numéros 100 à 107 aux lecteurs de disquettes et assimilés. Jusque là, tout se tient.
Et l'Exelmémoire (ou CRAM)?  Ne sachant pas dans quelle catégorie classer le périphérique et que ce dernier était la première extension de stockage disponible pour l'EXL100, Exelvision a choisi le numéro 2. Un choix dénué de sens car la gestion de la CRAM est plus proche de celle d'une disquette que d'une bande magnétique.
Pour enfoncer le clou, vient Exelmémoire 64Ko. L'ordinateur ne pouvant gérer la totalité de cette mémoire de manière continue, cette dernière est fractionnée en deux. L'Exelmémoire 64Ko se comporte ainsi comme si deux Exelmémoire étaient installées, la première (de 16Ko) conserve le numéro 2 et la seconde (de 48 Ko) prend le numéro 3... et bien non. Pour je ne sais quelle raison, Exelvision a préféré les désigner "2.A" et 2.B". Comme si l'Exelmémoire 64Ko avait une face A et une face B... Après tout, Exelvision avait classé la CRAM parmi les bandes magnétiques (K7). Absurde.


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