« L'INFORMATIQUE FACILE À VIVRE »:
UN PRODUIT FRANCAIS
N'en déplaise à certains, l'informatique familiale française, hormis Thomson, est plutôt faiblarde. Hector et Alice, notre percée dans l'éden informatique, semble compromise, malgré le mot d'ordre de bon ton... produire français. Surmontant les difficultés financières, deux ans de somnolence des banquiers et la suffisance des sociétés informatiques bien en place, une poignée d'ingénieurs (anciens de Hewlett-Packard) ont conçu dans un grenier des Alpes-Maritimes une petite merveille: l'EXL.
Concept de base : puissance et innovation, le tout réuni dans un appareil « sympa » au design jeune et prometteur. Polir la puissance, 34 Ko de mémoire vive extensibles à 290 Ko, haute définition graphique, huit couleurs de base avec possibilités de panachage à l'infini. De quoi inquiéter les plus présomptueux concurrents. Pour l'innovation, des atouts à faire pâlir les bureaux d'études de la Warner ou d'IBM : un clavier sans fils à commande infrarouge (comme sur l'IBM junior), des manettes de jeu (également à infrarouge) et un synthétiseur de parole intégré à l'unité centrale. Bref, le fin du fin. Pour couronner le tout, un argument séduisant, le prix: moins de 3 000 FF. Mais trouvera-t-on suffisamment de logiciels pour cette machine et, seconde interrogation atténuant le cocorico que nous sommes prêts à pousser, avec quel(s) autre(s) matériel(s) serait-elle compatible ?
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Téléchargement de logiciels
Exelvision fait preuve d'imagination
« Dans 30 secondes, ce programme s'autodétruira » Trêve de gag, les programmes qui se détruisent sous le regard ébahi de l'apprenti espion sortent de l'univers factice des séries policières et deviennent une réalité informatique. Une mission plus tout à fait impossible pour les ingénieurs d'Exelvision. Le visiteur attentionné devrait découvrir au Sicob un des premiers prototypes de téléchargement de logiciel présenté par le nouveau venu de l'informatique familiale française. Grâce à lui, tout propriétaire d'un ordinateur et d'un modem pourra appeler par téléphone une banque de logiciels et faire transférer directement le programme de son choix dans la mémoire de sa machine. Si le principe n'est pas nouveau, en revanche le mode de facturation envisagé est totalement inédit. Exelvision a étudié deux solutions. La première : vendre cher des abonnements au mois ou à l'année; l'utilisateur ayant acquis un numéro de compte privé pourrait ainsi charger selon ses besoins tout logiciel. Alternative, vendre bon marché un nombre défini d'utilisations. Dans ce cas, un compteur sera introduit dans chaque programme qui s'autodétruira au bout de X utilisations. Un moyen particulièrement efficace de lutte contre le piratage, les copieurs éventuels se retrouvant avec une cassette ou une disquette piégée.
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EXL100 SANS FIL
Son ambition : réunir les performances d'un ordinateur et les possibilités de communication du minitel. Son originalité aucun fil entre le clavier et l'unité centrale, reliés par infrarouge; ceci permet à l'utilisateur de travailler à bonne distance de l'écran. Son plus : la synthèse vocale. Voici l'EXL 100.
Graphisme **** Rapport qualité/prix ****
CARTE D'IDENTITE
Né en : Août 1983
Lieu: France
Garantie: 1 an pièces en main-d'oeuvre
Présentation: unité centrale 40 x 30 x 6 cm. Clavier séparé à commande infrarouge, 61 touches Azerty, majuscules, minuscules accentuées. Affichage: 40 caractères sur 25 lignes. Affichage graphique: 250 X 320 points. 8 couleurs. Synthèse vocale intégrée.
Raccord TV: Péritel
Langage: Basic Exelvision sur cartouche (fournie).
Programmathèque: 10 cartouches dont 6 jeux, 1 traitement de texte.
Extensions possibles: magnétophone standard prise DIN. Poignées de jeu à commande infrarouge: 345 FF. Imprimante standard.
Tout a commencé dans un grenier de Valbonne, près de Nice. Un an près création par trois anciens de Texas Instruments, la jeune société Exelvision met sur le marché l'EXL 100, un micro grand public aux caractéristiques originales, malgré quelques petits défauts de jeunesse. Son unité centrale, intégrée dans un long boîtier de plastique noir, ressemble à s'y méprendre à un ampli stéréophonique. C'est ce que ses créateurs ont voulu, afin que l'on puisse ranger l'appareil entre un ampli et une platine, sans qu'il dépare l'ensemble. Idée de base: le clavier est séparé de cette unité centrale et n'y est relié par... un fil! En effet, il fonctionne par commande infrarouge et permet de travailler dans un rayon de 5 à 6 mètres Tout comme lorsque l'on manipule la télécommande d'un récepteur télé. Seule condition à respecter: orienter le clavier dans la direction de l'unité centrale. Pour exploiter totalement leur idée, les ingénieurs d'Exelvision ont adjoint à cette mini-chaîne deux manettes de jeu, également à commande infrarouge, qui se rangent dans un tiroir situé sur la face avant de l'unité centrale. Le premier contact avec la machine est assez surprenant. Grâce à sa prise Péritel, on la relie facilement à n'importe quel téléviseur Secam. Les programmes se présentent sous forme de cartouches plates, qui s'entichent dans la face avant de l'appareil. Surprise : la machine se met à parler! Une voix féminine, légèrement zézayante, mais tout à lait audible, me vante les mérites du programme de dessin Imagix...
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IMAGIX |
GUPPY |
L'EXL 100 contient en effet un synthétiseur de parole humaine intégré à unité centrale. Étonnant et unique pour nos machine de 3 100 FF.
Pour en savoir plus sur ce nouveau venu au royaume de l'informatique, je lui ai fait passer une visite médicale complète En voici les résultats : L'EXL 100 n'a pas un coeur mais deux, puisqu'il est équipé de deux microprocesseurs TMS7000. Cela fui confère une banne rapidité de calcul et le place parmi les bons élèves de sa promo.
Un examen de santé très satisfaisant
Sa mémoire utilisateur est de 34 Ko. Un bon poids, qui nous permettra de lui faire ingérer des programmes jusqu'à une longueur d'une trentaine de pages. Ce qui est largement suffisant pour amateur aussi bien débutant que confirmé. Cette mémoire est extensible à 290 Ko avec une unité de traitement additionnelle. La mémoire morte (celle des souvenirs Impérissables du fonctionnement interne) est de 32 Ko.Sa vision est excellente : il est capable de définir des graphismes sur un écran de 320 points de large sur 250 lignes (80 000 pixels). Il a de belles couleurs : huit couleurs de base entièrement miscibles. Si L'EXL 100 possède la parole, il ne connaît pas de langage. Le Basic n'est pas intégré à la machine mais fourni avec l'appareil sous forme d'une cartouche. Il est nécessaire pour la programmation, mais pas pour les jeux. D'où l'intérêt de ne pas le stocker définitivement en mémoire.
Plusieurs connecteurs permettent à l'EXL 100 d'étendre ses tentacules vers des périphériques intéressants. Vous pourrez ainsi lui adjoindre un magnétophone à cassettes (de n'importe quelle marque) pour sauvegarder vos programmes. L'appareil reçoit les imprimantes de type parallèle aussi bien que série. Enfin, prévus pour 1985, un lecteur de disquettes et un modem qui sera compatible avec le minitel. L'EXL 100 et les télécommunications seront donc amenés à faire bon ménage, ce qui n'est pas étonnant quand on sait qu'Exelvision est une filiale de la Compagnie générale de construction téléphoniques.
Quelques défauts de jeunesse
Tout n'est pas rose au paradis de l'informatique, et L'EXL 100 présente quelques travers et défauts. Les 61 touches du clavier sont petites et assez déplaisantes à manipuler. La frappe ne peut pas en être légère. Il faut les enfoncer avec conviction pour les valider, ce qui ralentit considérablement les entrées de données et doit être pénible pour les longs programmes. Certaines touches possèdent des fonctions qui ne sont malheureusement inscrites sur le clavier. Il faut donc se référer sans cesse au manuel. Les touches sont à répétition, mais la répétition reste parfois « sur la touche ».
Le Basic de l'EXL 100 a été conçu par les ingénieurs d'Exelvision. La performance est louable, mais ce Basic semble manquer de rigueur et n'est pas toujours facile à manipuler. La synthèse vocale est quasi inutilisable en programme Basic, car elle fait appel à des codes hexadécimaux correspondant à du langage machine.L'utilisateur ne pourra donc profiter de la synthèse que dans les programmes écrits par des professionnels et commercialisés. Certaines fonctions telles que SOUND (pour définir des sons) ou CIRCLE (pour dessiner des cercles) sont absentes.Enfin, l'éditeur (programme permettant d'entrer des lignes d'instructions ou de les modifier) parait avoir quelques déplaisantes faiblesses. La machine que j'ai testée se bloquait systématiquement sur la dernière lettre de la dernière ligne de l'écran. Peut-être un défaut de prototype...Comme la plupart des nouveaux ordinateurs individuels, l'EXL 100 démarre avec une programmathèque famélique. Une dizaine de logiciels sont actuellement disponibles sous forme de cartouches (de 345 F à 395 F) Aucun sur cassette.
Les atouts de cet ordinateur à vocation familial: le clavier et les manettes à infrarouge, la synthèse vocale. Son prix lesitue en concurrent direct du MO5 et devrait lui permettre de bien se placer dans le tiercé des ventes françaises.
© Jacques Kenavo - Votre Ordinateur N°8