Fabrice: Quels objectifs vous étiez-vous donnés au sujet d’EXL100 et EXELTEL? Tony Andreacchio: Le 1er produit a été l'EXL 100 qui devait sortir avec six jeux pour les fêtes de Noël et qui devait être uniquement une console de jeux grand public. Avant sa sortie, nous nous sommes rendus compte que si nous lui ajoutions le langage basic, nous pouvions le rendre évolutif et l'utilisateur pouvait développer de nouveaux programmes. Le produit de base est donc devenu l'EXL 100 avec la cartouche basic. L'EXELTEL est venu par la suite car notre patron avait senti que l'avenir de l'informatique passerait nécessairement par le téléchargement de logiciels (minitel à cette époque). Par contre le produit n'a pas eu le succès escompté.
Fabrice: Hormis les publicités faite sur EXL100 et EXELTEL dans les journaux informatiques de l'époque, avez-vous utilisé d'autres moyen pour les promotionner ? Tony Andreacchio: Bien sur il y a eu à 2 reprises des campagnes de pub télévisées qui ont coûté une fortune. Mais qui ont été très remarquées par le public et les professionnels.
Fabrice: Combien s'est-il vendu d’EXL100 et EXELTEL sur l'hexagone et les autres pays? Tony Andreacchio: Je ne connais pas le nombre exact, l'objectif de la 1ère année de commercialisation était de 30000.
Fabrice: Quels sont les raisons du nombre réduit de logiciels, sur support cartouche, produits par des sociétés tierces ? Tony Andreacchio: Nous avions beaucoup de mal à trouver des sociétés compétentes qui voulaient développer pour nous étant donné que nous n'étions que national et que cela réduisait le marché. De plus la politique que nous menions n'était pas très claire car nous ne savions pas très bien si nous voulions continuer un produit ludique ou nous orienter progressivement vers un milieu semi professionnel.
Fabrice: Comment êtes vous entrez chez Exelvision? Tony Andreacchio: Par connaissance, je connaissais un petit peu Jacques Palpacuer chez TI, un jour je lui ai téléphoné, il démarrait la société et il cherchait des ingénieurs.
Fabrice: Comment se déroulait la mise en oeuvre d’un logiciel au sein d’Exelvision? Tony Andreacchio: De manière très décontractée, chacun indiquait ses préférences de développement et en fonction des choix de la société, nous nous organisions. C'était très artisanal et très individuel mais nous étions extrêmement liés. C'était Jacques Palpacuer qui voyageait beaucoup et qui avait tous les contacts extérieur, qui fixait le cap des produits à développer.
Fabrice: Comment se présentait le logiciel de test d'EXELTEL que vous avez développé? Tony Andreacchio: Sous forme de cartouche. Ce logiciel mettait en oeuvre toutes les fonctionnalités du système en mode automatique et s'arrêtait en cas d'erreur en indiquant le type d'erreur.
Fabrice: Quels sont les projets sur lesquels vous avez travaillé? Tony Andreacchio: Le jeux Virus, le logiciel boite à rythme Exeldrums, un synthétiseur qui n'est jamais sorti et le système interactif à vidéodisque.
Fabrice: A quel stade de mise en oeuvre, l'extension Vidéodisque était-elle? Tony Andreacchio: Il y avait 3 prototypes qui ont parcouru le monde mais, commercialement, cela n'a jamais abouti.
Fabrice: La synthèse vocale! l'une des fonctionnalités les plus appréciées des utilisateur d'ordinateurs Exelvision mais des plus difficile à exploiter.. Pourquoi n'avoir pas intégré une routine simple et conviviale dans ExelBasic pour la gérer? Tony Andreacchio: Mais cela existait cela s'appelait «Call Speech » <paramètres> (*)
Fabrice: Y avait-il d’autres projets matériels en cours de développement au moment du retrait d’Exelvision sur le marché informatique? Tony Andreacchio: Le dernier système était destiné au marché américain et la licence a été revendue à un industriel Américain.
Fabrice: La société Exelvision basée à Sofia Antipolis s’est-elle chargée des versions espagnole et iso arabes des micro-ordinateurs? Tony Andreacchio: Oui le développement se trouvait à Sophia. Le projet Arabe a été en fait un peu par hasard car un stagiaire est venu nous voir avec ce projet. C'était un stagiaire de 50 ans en congé de reconversion de TF1 ex-mari de Pierrette BRES qui présente les courses hippiques et la météo à la télé. Cette même personne s'est arrangée pour mettre en relation le roi d'Espagne avec notre PDG lors d'une visite du roi à Sophia. Incroyable non !!!! Fabrice: Avez vous une anecdote sur l'un de vos travaux?
Tony Andreacchio: Un jour un journaliste de l'Express est entré dans notre société car il voulait interwiever le PDG de la société. La secrétaire l'a gentiment raccompagné car le PDG était absent. En sortant, Il m'a vu dans un bureau et il était persuadé qu'il s'agissait de moi, car il avait vu un de mes articles de presse. Il est parti frustré car je crois qu'il n'a jamais été convaincu par la secrétaire.
Fabrice: Quel est votre meilleur souvenir à propos de ces ordinateurs? Que reste-il pour vous de cette grande aventure Exelvision, à ce jour? Tony Andreacchio: Des souvenirs fantastiques car c'était la grande aventure. Pour le reste des moins bons quand la société a eu des difficultés, il y avait des tensions entre nous. Mais tout est oublié aujourd'hui.
Fabrice: Comment l’annonce de la fin de la commercialisation des microordinateurs Exelvision a t-elle été prise par l'équipe de Sofia Antipolis? Certains avaient-il pressenti la chose ? Et la clientèle ? Tony Andreacchio: Pour ma part je suis parti avant aux USA, 2 ans auparavant, où j'ai crée ma propre société de système à vidéodisques qui n'a pas marché d'ailleurs.
Fabrice: Je tiens à vous remercier vivement de m'avoir accordé cette interview!
(*) NDLR: En effet, cette routine existe bien mais, hélas, sa mise en oeuvre est des plus délicates dans le sens où la génération d'un son autre que ceux donnés en exemple par Exelvision était presque impossible. Je me souviens à l'époque avoir tenté de générer des sons précis mais sans succès. J'ai appris plus tard que pour les les personnes désireuses d'obtenir leur propre son digitalisé, Exelvision proposait qu'elles fournissent leur son enregistré sur une simple K7 audio, elle expédiait ensuite ce son à une cellule de Texas Instruments basée à Dallas qui se chargeait de générer la chaîne de caractères correspondant au son traité en digital. Le travail était accompli sur un mini ordinateur VAX puis transmis sur la K7 qui était ensuite réexpédiée à Exelvision qui la réexpédiait à l'utilisateur final...Pas simple!
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